Au fil du Lot
1790, création des départements français, la province du Quercy devient Lot. Une région rurale connue pour ses causses, des plateaux calcaires incisés de profondes vallées où s'écoulent la Dordogne et le Lot.
Il y a deux siècles les touristes n'affluaient pas encore mais déjà les moutons paissaient en nombre. Une race y a fait souche, la caussenarde du Lot reconnaissable à ses "lunettes" noires. Elle est aujourd'hui multi labellisée sous l'appellation "agneau fermier du Quercy". Une filière locale qui nécessite des compétences spécifiques à commencer par la tonte des animaux. L'association des tondeurs le rappelle sur son site: "trop de laine sur le dos de la brebis nuit gravement à sa santé", principalement pour des raisons d'hygiène et de confort.
En ce matin de mai, c'est le GAEC Les Bories, une grosse exploitation familiale du Nord du département qui a fait appel à Loïc Leygonie et son équipe de tondeurs pour rafraîchir le dos de ses brebis. Aux manettes, on retrouve Loïc et son cousin Cédric, ils sont épaulés par Jérémy et Florian les attrapeurs chargés d'acheminer les bêtes vers les tondeurs. Ensuite c'est une opération rythmée, physique et méticuleuse qui s'opère. Cédric et Loïc doivent enchaîner une chorégraphie précise où les coups de tondeuse comptent autant que le blocage de l'animal. La brebis doit glisser entre leurs jambes pour libérer au fur et à mesure les parties laineuses restant à ôter. Les animaux se succèdent à un rythme effréné, jusqu'à 250 têtes peuvent ainsi défiler chaque jour sous les mains des professionnels.
Ils seraient environ une centaine à exercer en France, respectant une saisonnalité qui dure de fin février jusqu'au début de l’été. Une période déterminée par les conditions climatiques (une brebis tondue aura froid sous 10°C) et les périodes d'agnelage. L'hiver venu, Loïc s'en va exporter son savoir-faire en Nouvelle-Zélande profitant de l'inversion des saisons dans l'hémisphère Sud.
