Le Lot-et-Garonne, rencontre entre art et faune
Niché sur les hautes collines du Lot-et-Garonne, l'atelier de Marie-Claude Brispot-Lespinasse invite à la découverte d'un métier original : la taxidermie. A la différence d'autres parties du monde, notamment l'Amérique du Nord où ce savoir-faire est bien ancré dans les mœurs, en France il reste assez méconnu. Pour définir le métier, un tour sur le site du syndicat des naturalistes taxidermistes de France (SNTF) apportera une vision plus précise sur ses deux fondements :
La vie, que le taxidermiste tentera de recréer à travers les postures de l’animal
L’art, car pour le taxidermiste, cette activité est créatrice de postures, d’expressions qui dépendent avant tout des talents et de la sensibilité du professionnel qui naturalisera l’animal.
Marie-Claude m'apprendra bien des choses sur son métier. De son apparition au moment des grandes découvertes lorsque l'on naturalisait des animaux encore inconnus dans nos contrées à son apogée entre le XIXè et le début du XXè siècle. A l'heure actuelle, le nombre de naturalistes est en baisse mais l'on recense toujours 72 adhérents au SNTF. D'autres professionnels exercent au sein de musées où l'on peut voir de nombreux spécimens « empaillés ». Un terme usuel qui met en relief un point crucial de cette activité : une technique précise et multiple. Le taxidermiste est tour à tour boucher, chirurgien, tanneur, couturier, coiffeur, plasticien, à mesure qu'il nettoie, conserve et apprête l'animal sur lequel il travaille. Lors de ma journée à ses côtés Marie-Claude se livrera à la pratique des deux techniques de naturalisations existantes, une dite « classique » et une plus moderne. Pour la version classique qui est plutôt appliquée aux petits animaux, la taxidermiste a prévu de naturaliser une pie. La peau a été nettoyée au préalable, le corps de l'animal va être rigidifié au moyen de fils de fer destinés à recréer une colonne vertébrale. La silhouette va être modelée par bourrage au moyen de fibres de bois puis l'animal sera cousu et monté sur un morceau de bois. C'est la partie réellement créative de la taxidermie, l'animal doit être mis en valeur par une position et une attitude originales. Marie-Claude passe de longs moments dans la nature à la recherche d'éléments pour ses compositions, de nombreux morceaux de bois flottés posés dans l'atelier en attestent! A côté de cette technique, existe une version moderne pour laquelle Marie-Claude va utiliser un mannequin en mousse de polyuréthane reprenant grossièrement les formes de l'animal. Avec limes et papier de verre, c'est une sculpture qui s'amorce car Marie-Claude va devoir affiner sa pièce pour qu'elle trouve l'aspect souhaité, un chevreuil en l’occurrence. Les bois seront ensuite collés sur le haut du crâne et les oreilles rigidifiées au moyen de plaques d'aluminium. Puis c'est un travail de couturière qui démarre afin d'ajuster au mieux la peau au buste. Restent de minutieuses finitions à appliquer à l'ensemble afin d'avoir la plus belle pièce possible.


En savoir plus:
Le site du syndicat des naturalistes taxidermistes de France
NB: Je cherchais un métier en lien avec la nature à même d'illustrer le terroir rural et agricole du départment. Le 47 est notamment réputé pour ses cultures fruitières et maraichères (pruneau, vignes, tomates, ...). Mais c'est aussi le départment qui abrite le plus de chasseurs en France. La disponibilité de Marie-Claude et l'originalité de son savoir-faire ont fait le reste!