Le Queyras au couteau
Depuis toujours, le Queyras, vallée sauvage des Hautes-Alpes, cultive un lien fort avec le bois. Les pins cembro qui jalonnent les flancs des montagnes ont permis de développer l'artisanat de la sculpture au couteau connu ses motifs géométriques. Après quelques jours au frais, à 2000m d'altitude, je retrouve Samuel Brunet, un sculpteur bien connu de
Saint-Véran. La plus haute commune d'Europe est réputée pour la pureté de son ciel. Les myriades d'étoiles du ciel queyrassin ont certainement dû inspirer les anciens qui dès le XVIè siècle ont tracé sur leurs meubles des motifs rappelant les astres. Isolés 6 mois par an, ils étaient contraints de tout fabriquer eux-mêmes et durant leurs longues journées, ils pouvaient orner leur mobilier à foison. Aujourd'hui, Samuel perpétue cette tradition et lorsque je le retrouve, il s'attèle à un saleron, une boîte à gros sel, la pièce emblématique de son activité. Tout démarre par un peu de géométrie, le sculpteur trace une rosace sur le couvercle alors qu'il joue de son compas pour arriver à un patron assez complexe. Ensuite il se saisit de son Opinel, outil alpestre par excellence qui lui permettra de débiter de petits copeaux. Avec une alternance de positif/négatif, surgissent au rythme de ses coups de poignets, des ellipses de bois clair. Samuel va ensuite teindre sa création avec de la cire d'abeille et de la térébenthine. Les rosaces, les soleils et les dents de loup sont les motifs incontournables mais dans l'atelier comme sur toutes les boiseries de la vallée, ils se déclinent à l'infini. Illusion, trompe l’œil, relief, cet art populaire ne va pas sans une dose d'imaginaire un brin onirique.
