Reliure | lhdg

L'anatomie du livre

Quelques-unes des plus fines plumes françaises sont nées dans le Sud de l'Aisne. Ainsi Jean Racine a vu le jour à la Ferté-Millon, Alexandre Dumas est natif de Villers-Cotterêts et Paul Claudel de Villeneuve-sur-Fère. La région de Château-Thierry est surnommée le pays des fables en référence à son plus illustre fils, Jean de La Fontaine. Dans ce bastion littéraire, l'hexactitude est allé à la rencontre d'Hélène Potin, une spécialiste des livres à la compétence double. Dans son atelier de Coulonges-Cohan, elle pratique la reliure d'art et la restauration de livres anciens. Les techniques sont restées les mêmes au fil des ans comme en témoignent les vieilles machines toujours utilisées par Hélène . Mais son métier nécessite avant tout une grande minutie avec des gestes proches de la chirurgie. Hélène se plaît à rappeler que les coupures de courant, fréquentes cet hiver, ne lui causèrent aucun tort!

En ce pluvieux matin printanier, une édition multi-séculaire des Essais de Montaigne s'apprête à passer sur le billard. Scalpel en mains, Hélène va disséquer la couverture pour lui refaire une beauté. Outre les spécificités liées aux livres, le métier de relieur implique une maîtrise de diverses techniques telles le travail du cuir ou la dorure. Un peu plus tard, on retrouve Hélène derrière un cousoir, sorte de métier à tisser pour livres. Elle assemble différents cahiers, à l'aiguille, pour relier une édition d'ancienne pièce de théâtre.

La restauration de papier va de pair avec la reliure mais c'est un savoir-faire bien différent. Des Essais de Montaigne, Hélène a détaché le premier cahier qui s'en va faire une plongée dans un bac d'eau en vue d'y être nettoyé. Surprise, les encres de typographie sont de nature "grasse" et ne risquent pas de couler. La jeune femme va ensuite faire sécher ces feuilles sous des buvards lestés de poids. Une autre opération de restauration attend Hélène: les archives communales d'Essômes-sur-Marne. Elles datent de 1702. Outre les bibliophiles, les mairies et l’État doivent faire appel aux restaurateurs eu égard au devoir de conservation des anciens registres. Le papier est dans un triste état, rongé par les encres, il est totalement sec et part en copeaux. Un casse-tête à rendre chèvre le plus patient des amateurs de puzzle. Hélène s'y colle, reconstitue les pages lorsque c'est possible et protège les plus abîmées avec du papier japonais. Le papier original est encollé puis le papier japonais est disposé sur le recto et le verso. Son extrême finesse (6mg!) en fait une protection soyeuse et translucide qui permettra aux archivistes de manipuler à nouveaux ces registres.

Pour illustrer cette riche journée, voici 2 galeries, une pour les techniques de reliure et une autre pour la restauration.