L'HEXACTITUDE DU GESTE

Les girouettes d'Iroise

        Le Conquet, visages pâles et lumière blafarde dans la salle d'attente de la compagnie maritime Penn Ar Bed. C'est le départ pour Ouessant au prix d'une traversée souvent “nerveuse”. Comme pour adoucir les craintes des touristes ,les murs du hall sont ornés de jolies affiches vantant les spécialités iliennes. Hasard de la route, l'un des posters présente Mathieu Thomas et son métier peu banal, il est girouettier. Sur place, le cadre est grandiose, le jeune homme est incontestablement l'artisan le plus (géographiquement) à l'Ouest de France. Il est installé au pied du phare du Créac'h, la grande sentinelle zébrée qui veille sur le trafic maritime au large d'Ouessant. Mathieu me raconte qu'historiquement  les ouessantins avaient du mal à vivre de la pêche car leur fief est ourlé de côtes trop abruptes pour en tirer un revenu viable. Ils se firent donc marins au long cours. Durant leurs périodes en mer, les hommes prirent l'habitude de confectionner des girouettes en guise de passe-temps. Elles avaient le mérite d'être légères et de ne pas encombrer les cales des navires. Cette coutume s'est généralisée au point que les cheminées des maisons sont équipées de pierres percées livrant les sentinelles de bois aux meilleurs souffles d'Eole. Mathieu redonne vie à cet artisanat depuis 2008 et c'est une nouvelle génération de girouettes qui fleurissent au sommet des maisons de l'île. Sous l’œil tournoyant de maître Créac'h, jamais bien loin.