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Et la maison écolo fuste
Sur les hauteurs du plateau jurassien, vers 1200m, les épicéas hérissent le paysage de leur stature altière. En patois local, ils sont appelés "pesse". Et au village de La Pesse, La Péssière emploie leurs troncs depuis 30 ans pour fabriquer des maisons en bois rond.
Un passage de l'état vertical à horizontal qui nécessite une bonne dose de savoir-faire et de sérieuses infrastructures de travail. Jérôme me fait faire un petit tour des ateliers, trois immenses hangars où les maisons sont pré-montées sous l’œil d'un troupeau de moutons distraits et d'un sévère patou. Le jeune homme me présente Philippe, fustier depuis 1992, qui s’attele à la réalisation d'un chalet d'exposition. Le maître-technicien va me livrer quelques uns de ses secrets à mesure qu'il empile les rondins.
Tout d'abord la matière première. Elle provient essentiellement de forêts locales, toujours prélevée à plus de 1000m d'altitude sur les terres du Haut-Doubs, Haut-Jura et Haut-Bugey. La Péssière travaille aussi d'autres essences notamment du Douglas issu des hauteurs beaujolaises.
Il faut compter trois ans pour être autonome, avec l'expérience un bon fustier saura sélectionner les bons rondins au bon moment en fonction de leur aspect, taille, ... Ensuite il saura manier avec soin le compas de traçage et son double niveau à bulle, l'arme secrète du fustier tout droit venue du Canada. Afin que les rondins s’emboîtent et se croisent avec précision et sans jour, les formes des découpes doivent être tracées préalablement.
Il s'agit de reproduire la forme du rondin du dessous sur celui qui viendra le chapeauter entaillé d'une mortaise millimétrique. Le traçage étant réalisé à main levée, inutile de dire qu'il faut avoir la poigne assurée et le compas dans l’œil! La taille peut alors démarrer avec finalement assez peu d'outils mais bien spécifiques. Philippe me présente sa tronçonneuse électrique!! Une thermique reconvertie au 220V spécialement étudiée pour La Péssière! La fuste étant de loin la construction la plus écologique existante, autant poursuivre dans la minimisation des énergies grises et se servir de l’énergie photovoltaïque du toit! Dégrossi, le rondin est ensuite entrepris à la mortaiseuse. Là aussi, il s'agit d'un engin hybride, une tronçonneuse où la chaîne est une courroie qui entraîne une fraise.
Le rondin est ensuite raboté avec une machine américaine à semelle courbe. Le fustier termine son œuvre par un coup de ciseau à bois pour nettoyer le trait et la grue peut alors hisser un nouveau rondin sur la construction.
La Péssière regroupe un bon nombre de métiers pour arriver à des constructions entièrement maîtrisées: menuisiers, charpentiers, couvreurs et zingueurs complètent l'équipe. Une bonne vingtaine de pros aptes à sillonner la France pour peu que les municipalités délivrent les permis à ces constructions au charme unique, modernes et bien plus écologiques que n'importe quelle autre habitation en dur!
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