La Normandie vue du toit
Une chaumière? Un terme poétique pour définir une maison de campagne douillette? Oui, mais surtout une étymologie qui renvoie vers le toit de la bâtisse et sa couverture en chaume. C'est-à-dire confectionnée à base de paille, de céréales ou de tiges de roseaux. Un patrimoine bâti qui fait partie intégrante des paysages de l'Ouest de la France, en Bretagne et en Normandie tout particulièrement. C'est dans l'Eure que l'on trouve le plus de chaumières et donc d'artisans-couvreurs à-même d'entretenir ce savoir-faire ancestral. Comme Noël Renaudin établi à Martainville, dans le nord du département que l'on retrouve en pleine action par un joli matin de juin. A vrai dire, il a fallu repousser la rencontre de quelques jours pour échapper au crachin normand mais le soleil sera bel et bien présent ce jour-là! Avant de hisser la nouvelle couverture, Noël aura dû découvrir l'ancien chaume, en général vieux d'une quarantaine d'années si il a été entretenu correctement. A savoir préservé de l'humidité, des arbres et des oiseaux tout en ayant été démoussé une ou deux fois au cours de sa vie. Au sol, la cargaison de chaume est prête à être hissée sur le toit. Des fagots de 100kg divisés en bottes de 5kg en provenance directe d'une zone Natura 2000 camarguaise, plus "propre" que les roselières normandes situées dans le port du Havre... La travail est physique, les bottes sont portées à dos d'homme sur la bande de toit découverte pour la journée. Ainsi lesté, Noël monte à l’échelle comme s'il s’agissait d'un vulgaire escalier! Ensuite le roseau est déroulé et attaché avec des fils de fer au moyen d'outils spécifiques. Une crémaillère sert à faire tenir les végétaux avant le passage de fils et d'aiguilles qui vont permettre de faire tenir la couverture. Puis, l'artisan va utiliser un battoir pour faire remonter les brins et donner au toit son aspect définitif. Il faut en général douze bottes de chaume pour 1m² de toit. Cela peut sembler beaucoup mais la couverture est épaisse de 30 bons centimètres. C'est un excellent isolant sur lequel l'eau va glisser comme sur le plumage d'un oiseau. Une particularité du toit de chaume se situe au faîtage (point de rencontre des deux pentes du toit) qui est recouvert de terre et d'iris. Les racines des plantes vont créer le liant entre le roseau et la terre pour donner un aspect végétal à l'ensemble qui s'intègrera à merveille dans le vert bocage normand. Noël me confie que les constructions neuves en chaume se font rares, tout au plus une par an en ce qui le concerne. Néanmoins, il existe des endroits qui ont su préserver leurs toits avec conviction comme par exemple la commune de Vieux-Port dans le Parc Naturel des Boucles de Seine. Ses maisons arborent encore majoritairement des toitures de chaume, une atmosphère bucolique, presque étrange, à tel point que l'on se croirait dans un écomusée!
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En savoir plus:
Le site de Noël: www.chaumier-normandie.com
La page Wikipédia par ICI
La route des chaumières par LA